Matt
Drudge cultive une allure de détective raté sorti d'un roman
de Chase. Cest par lui que le scandale est arrivé.
Cest lui qui le premier a diffusé sur son site web,
le Drudge Report, une rumeur selon laquelle le magazine
Newsweek hésitait à publier un papier dun de ses reporters,
à propos dune aventure sexuelle du Président avec
une stagiaire de la Maison Blanche.
Drudge
diffusait seulement jusque là des ragots recueillis dans
les couloirs de CBS où il avait travaillé comme coursier.
Laffaire Lewinsky le rend célèbre du jour au lendemain.
Son Druge Report, désormais consulté par des millions dinternautes,
donne lieu à des parodies. Il répond à des dizaines dinterviews
et on linvite sur tous les plateaux de télévision.
Car son discours est décoiffant : Il accuse lensemble
de la presse de ménager le pouvoir. Les aveux tardifs du
Président sur sa liaison lui fournissent un argument de
poids : Vous voyez bien que jai eu raison de publier,
dit-il à ses confrères : votre prudence, c'est de la complaisance.
Cest
aussi une guerre de génération : avant de déclencher le
scandale du Watergate Il y a 25 ans, Woodward et Bernstein,
aujourd'hui figures de légende du Washington Post, avaient
passé des mois à recouper leurs sources. Drudge, lui, prétend
quaujourdhui, il faut tout publier au plus vite,
car le public a changé et il est devenu assez adulte pour
faire lui-même le tri entre linfo, la rumeur et lintox.
Ce discours simpliste est sûrement dangereux, mais il rencontre
aux Etats-Unis un certain écho dans lopinion...
Jean-Jacques
Peyraud
!
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